Réciprocité et Education populaire
Ceci est le début d'un document de travail,
rédigé par Marc Héber-Suffrin,
invitant celles et ceux qui le veulent à rejoindre un groupe de recherche
sous l'égide de FORESCO
(Mouvement français des Réseaux d'échanges réciproques de savoirs).
Education populaire
Si vous êtes intéressé à participer, écrivez-nous, nous vous enverrons le fichier PDF entier
Exergues
« Skholè, temps libre et libéré des urgences du monde, qui rend possible un rapport libre et libéré à ces urgences. » Pierre Bourdieu
« Les obstacles à la compréhension – surtout peut-être quand il s’agit des choses sociales – se situent moins du côté de l’entendement que du côté de la volonté. » Pierre Bourdieu
« […] éducation populaire […] tout notre avenir en dépend. » Robert Musil
« Aider l’adolescent à découvrir l’activité concrète, les conditions affectives, le mode de vie qui lui conviendront. » Fernand Deligny
« Dans ce que je raconte, il y a deux parts […] [et] l’essentiel qui […] les circonstances, l’imprévu, le n’importe quoi, l’inédit, l’ailleurs […] qui rappellent sans cesse que l’homme est affaire d’imagination créatrice et que le créateur, le maître, le père et tout le reste, c’est tout un chacun, c’est l’autre et c’est moi. » Fernand Deligny
« […] conscience d’insignifiance sociale accompagnée de l’affirmation d’une capacité commune de tous […]. » Jacques Rancière
« […] l’égalité n’est jamais un objectif, mais toujours un présupposé. Ainsi donc, l’important est ce qui, à chaque moment, permet la présentation, la déclaration, l’incarnation d’une puissance de l’égalité, d’une puissance de la capacité de [tout un chacun]. »
Jacques Rancière
« […] le travail manuel est le lieu et le fruit d’une démarche intellectuelle totale. »
Matthew B. Crawford
« L’appui le plus solide en matière de bien commun, procède de l’intérêt personnel éclairé […]. » Frans De Waal99 Frans de Waal, 2010, L’Âge de l’empathie, Babel. p. 324.
« L’ancienneté de l’empathie dans l’évolution m’inspire un immense optimisme. »
Frans De Waal
« […] To care signifie non seulement soigner et prendre soin, mais aussi attacher de l’importance à une personne. » Claude Ameisen
Introduction
S’il s’agissait de s’inspirer de la forme de l’ouverture en musique, il faudrait, ici, annoncer les thèmes principaux de la proposition qui va suivre. La table des matières y pourvoira. Je préfère proposer de donner à ces quelques pages une destination de pressantes sollicitations à entrer dans une aventure d’apprentissage : apprentissage de ce que nous pouvons collectivement coopérativement choisir de donner comme contenu à l’Education populaire : 1. Comme façon singulière d’être au monde (subjectivation maximale personnelle, on retiendra qu’un des sens d’éduquer c’est extraire, extraire de soi-même la créativité maximale) ; 2. Comme façon collective d’être au monde.
Dans l’apprentissage, tout est surprise et tout est mal prévisible. Il s’agit bien d’une aventure qu’on peut choisir de vivre de façon plus ou moins impliquée, plus ou moins alimentée par des utopies riches, entretenues, co-construites, etc.
On est confronté aux limites des exposés linéaires : tant de choses sont importantes à la fois qu’il serait souhaitable de construire des schémas, peut-être des boucles ou des circuits, de toute façon des cartes, à condition de ne pas les confondre avec le territoire. Je serais assez tenté de revenir à une boucle que nous avions décrite avec Claire Héber-Suffrin, dans « Echanger les savoirs » en 1992, et je ne prétendrais l’enrichir que très marginalement. Peut-être tout de même par des considérations sur l’égalité qu’on a intérêt à prendre en compte dès les origines d’une action plutôt qu’à la considérer comme un objectif ; de même par des considérations sur la liberté ; sans doute, enfin, sur la compréhension de ce que peut être la réciprocité formatrice et l’invitation émancipatrice aux possibles qu’ouvrent la pratique du « Donner à son tour » accessible à tout un chacun.
L’apprentissage réussi, comme objectif toujours susceptible d’englober une situation vécue individuellement ou vécue collectivement ; englobant générateur de l’Education populaire ? Englobant qui nous met sur la piste d’un travail collectif primordial : on ne sait pas trop a priori ce qu’est le populaire ; on peut renverser le questionnement et affirmer que ce sera le collectif ouvert et coopérateur de ceux qui prendront en charge tous les apprentissages rendus nécessaires par l’utopie démocratique qui, par ces actes, deviendront le peuple.
Tous les autres points de cette proposition/sollicitation, au regard de cette question du populaire, deviendront secondes.